24/11/2012
J’ai passé la plus grande partie de ma vie à prier Dieu pour que je sois l’un de ceux qui rassemble les gens et non pas l’un de ceux qui les divise. J’ai choisi la voie du dialogue afin d’éviter les affrontements et les conflits, tels que ceux que j’ai pu observés depuis quelques jours, mettant la nation dans une impasse et la divisant entre deux camps luttant l’un contre l’autre, oubliant l’intérêt supérieur du pays et la priorité à donner à la protection de la sécurité nationale et à préserver le niveau de vie. Ma conscience m’interdit de choisir ou de prendre partie pour l’un ou l’autre camp en conflit. Le premier camp, souvent appelé « forces politiques », « forces civiles » ou « forces libérales » par opposition au second camp appelé mouvements islamiques, qui est allée rue Mohamed Mahmoud sous prétexte de commémorer les incidents survenus en 2011 dans cette même rue.
On a dit que, parmi ses membres, différentes tendances politiques étaient représentées et qu’elles recevaient une aide financière extérieure. Je ne comprends pas pourquoi un jour n’est pas suffisant pour commémorer les incidents de la rue Mohamed Mahmoud ? Pourquoi vouloir à tout prix attaquer les forces de sécurité ? Et pourquoi vouloir briser les forces de police ? Certains slogans rejetant même la légitimité du chef de l’état élu. Comment puis-je prendre parti pour ce camp, malgré l’estime que je porte à ces chefs et aux symboles qu’il représente ?
Le second camp, représentant les tendances islamistes, est descendu dans la rue pour la première fois et s’est rendu devant la Cour Suprême, demandant la démission du Procureur Général, et ce malgré la réconciliation survenue quelque temps auparavant, réconciliation considérée comme un langage de raison de la part du Président. Mais l’ensemble des décisions, la déclaration constitutionnelle et les résolutions prises pour atténuer les décisions du Président, a donné naissance à une nouvelle légitimité appelée « légitimité révolutionnaire » comparable à l’ancien système, dont beaucoup de ceux maintenant au pouvoir ont souffert, bien loin de la légitimité et du jugement révolutionnaire. Et ces changements paralyseront l’application de la loi, de la constitution de même que le judiciaire et développeront l’esprit de revanche dans la société au moment où nous avons grand besoin de réconciliation nationale pour semer les graines de la coopération entre les différentes communautés.
Un autre point sur lequel j’aimerais attirer l’attention de certaines tendances islamiques, c’est que leurs idées prônant la violence ont amené les libéraux à être accusés d’athéisme, alors que la plupart d’entre eux pratiquent leur religion, la foi au cœur, sans être pour autant membres d’une organisation. Puis je rappeler à ceux qui ont été mes compagnons de route au sein des Frères Musulmans pendant cinq ans, qu’en Turquie, malgré le fait que ce pays soit dirigé par le parti islamiste, il n’y a pas une institution ni une place sans une statue de Mostafa Kamal Ataturk, fondateur de la République de Turquie et père de la laïcité turque.
Où cela nous mènera-t-il? Question que tout le monde se pose chaque jour et partou. Où allons-nous? Il ne faudrait pas que les gens attendent trop longtemps une réponse des sages de la nation et en particulier d’entendre le Président leur dire où ils vont.
J’aimerais que nous descendions tous dans la rue, non pas pour la confrontation, l’effusion de sang, le rejet de l’autre et autres actes contre la légitimité, mais pour empêcher l’effondrement de notre cadre de vie et de notre économie en difficulté, car si une révolution – celle de la faim et de la pauvreté – devait éclater, elle conduirait au chaos qui pourrait aboutir à mettre à feu et à sang tout être vivant, car le langage de la faim et de la pauvreté ne répond ni à la logique, ni à la pitié, mais à la vengeance aléatoire.
Qui parmi nous pourrait accepter de perdre sa patrie et de voir détruire son avenir pour des ambitions et conflits désespérés. Honnêtement, je n’accepte pas la généralisation des jugements portés à l’encontre des leaders de l’ancien régime, surtout après avoir entendu l’interview de Mohamed Rachid, ancien Ministre du Commerce Extérieur et de l’Industrie, sur une chaine de télévision privée, au cours de laquelle il a donné de sincères conseils pour sauver l’économie égyptienne, et ce, sans viser aucun poste de sa part.
Compte tenu de ce que j’ai appris aujourd’hui, je voudrais dire qu’aucun Etat n’est en mesure de vivre isolé et que, par conséquent, nous devrions méditer sur la réaction de 3 grandes puissances, avec lesquelles nous étions en train de travailler sur 3 dossiers il ya encore quelques heures, qui ont montré de l’inquiétude face aux dernières décisions qui pourraient violer l’indépendance du judiciaire, valeur hautement respectée dans les vieilles démocraties, et sur laquelle il ne peut y avoir de compromis. La réaction de ces grandes puissances est venue vendredi dernier par la voix de Catherine Ashton, Ministre européen des Affaires Etrangères, et par la voix de la porte-parole du Département d’Etat américain, Victoria Nuland et par la voix du porte-parole du Ministère des Affaires Etrangères français, Philippe Lalliot.
traduit d’Al Ahram
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