Al Akhbar, 10/11/2013
par Abd el Hady Abbas
« Je soutiens la candidature du General Sissi à la présidence car cela réponde à la demande générale. A ceux qui rejettent l’armée, je leur dis, relisez bien, s’il vous plait, notre histoire »
Dr. Aly Elsamman.
Q : Dans quelle mesure la sécurité et la stabilité sont-elles nécessaires pour le développement économique dans la période à venir?
R : C’est une question importante car l’économie, à ce stade critique, est plutôt dépendante de la sécurité. Par conséquent, je ne puis assez souligner que sécurité et renouveau de l’économie sont indissociables. Si vous prenez en compte le tourisme, on ne peut nier que la sécurité est cruciale. Le tourisme, dont dépend une grande partie de notre revenu national, souffre encore.
Q : A votre avis, comment peut-on être certain que l’aide financière arabe sera utilisée pour poursuivre le développement de l’investissement égyptien au lieu de servir à combler les dépenses du gouvernement ?
R : L’aide que nous avons reçue des 5 pays arabes – Arabie Saoudite, les Emirats arabes Unis, le Koweït, Bahreïn et la Jordanie – est très précieuse et nous devons toujours être reconnaissants envers nos frères si aidants. Assistant dernièrement à une rencontre avec quelques ambassadeurs arabes, j’ai mentionné que nous aimerions voir plus d’investissement arabe dans le futur proche. C’est ce dont nous avons le plus besoin dans le pays. Nous devrions réfléchir sérieusement à la meilleure manière de traiter avec les investisseurs et les touristes de façon à ne pas les aliéner ni les faire fuir. C’est le rôle des organismes de contrôle, dont la première tache est de lutter contre la corruption.
Pour parler franchement, ces organismes ont eux-mêmes grand besoin d’être restructurés. En général, chacun de nous se doit de lutter contre la corruption et pas seulement les organismes de contrôle. Par exemple, nous ne devons pas rebuter les investisseurs en mettant en place des lois applicables rétroactivement. Il est par conséquent important d’édicter des lois appropriées pour mettre fin à la corruption, et nous devons réexaminer le rôle de chaque organisme de contrôle et son administration. Mais à trop exacerber notre lutte contre la corruption nous pouvons également faire peur aux fonctionnaires du secteur public.
Nous ne devons pas pousser les choses au point que nos fonctionnaires hésitent et refusent de prendre des décisions. C’est ce que l’on appelle maintenant dans la presse « les mains tremblantes » Cela peut aussi mettre en péril notre développement économique.
Q : Que pensez vous de la tentative récente des Frères musulmans de perturber la vie des universités ?
R : Assez de cette mascarade. Les agents de sécurité des campus doivent reprendre leur travail. Dès le début, j’ai dit que de supprimer les agents de sécurité des campus était une erreur, car cela porte à confusion entre, d’un coté, le besoin de liberté et de démocratie et la stabilité et la discipline au sein du système éducatif, d’un autre coté. Ceux qui prônent le chaos et utilisent le langage conflictuel pour mener à bien leurs politiques, doivent comprendre qu’il y a des limites. J’aimerais que les agents de sécurité des campus reprennent leur travail le plus tôt possible, dépendants des administrateurs de l’université et non pas du ministre de l’intérieur.
Q : La prise de position patriotique du Pape Tawadros II contraste avec le silence des Américains face aux incendies des églises par des extrémistes. Que pensez-vous de cela ?
R : Cela donne matière à réfléchir. Par le passé, lorsqu’une église était attaquée, l’Occident réagissait avec véhémence. Maintenant plus de 24 églises ont incendiées par les Frères musulmans, mais ces événements sont arrivés au moment du rapprochement entre l’Occident et les Frères musulmans. Comme je l’ai toujours dit, la protection des églises relève de la responsabilité des musulmans. La majorité des gens de ce pays sont musulmans et il est de leur devoir de protéger les minorités.
Les Frères musulmans ont considéré les Chrétiens comme des adversaires politiques, alliés de leurs rivaux – raison pour laquelle ils ont agi avec tant de violence. Je me sens rassure aujourd’hui de voir des musulmans descendre dans la rue pour protéger leurs frères chrétiens et leurs églises. Les Egyptiens n’oublieront jamais la prise de position éminemment courtoise du pape qui a déclaré, après l’incendie des églises : «si le but était de nous provoquer, cela n’arrivera pas». C’est un homme très prudent.
Q : Certains disent que le parti Al Nour, bien que nouveau venu dans la vie politique, agit différemment des Frères musulmans. Partagez-vous ce point de vue ?
R : Non, je ne partage pas ce point de vue. Nous n’avons pas de temps à perdre avec ceux qui se prêtent à des petits jeux. Nous ne pouvons plus nous permettre ce double langage, surtout au moment où nous rédigeons une nouvelle constitution. Plus tard, lors d’un vote on verra de quoi il retourne. Mais même dans la pire des démocraties, on ne peut laisser une minorité manipuler la décision de la majorité. Personnellement je pense qu’Al Nour pratique le double langage.
Q : En cette période critique, pensez vous que l’Egypte ait besoin d’un président issu de l’armée ?
R : Chaque situation se doit d’être appréciée à sa juste valeur. Pour le moment, chacun est d’avis que notre priorité première c’est la sécurité, la sureté et la stabilité. Une fois cela acquis, nous pouvons relancer l’économie et améliorer la vie de nos concitoyens. La nomination du General Sissi au poste de président vient d’une demande générale et déjà des millions d’Egyptiens appellent à sa nomination, peut-être même contre son propre gré.
Certains y pensent fortement et beaucoup disent qu’il est le seul capable de ramener l’ordre dans le pays. Je n’aime pas la façon dont la presse parle de l’armée comme si nous parlions de mercenaires. C’est injuste. Si nous relisons notre histoire, nous découvrirons que l’armée, depuis Mohamed Ali, se consacrait à la défense du territoire et à son développement. Pendant la période où j’ai travaille avec le Président Sadate, j’ai vu des militaires, des hommes formidables, travailler dans les domaines diplomatique et politique. Je me souviens d’hommes de grand prestige tel que notre conseiller à la sécurité nationale, Hafez Ismail, et Kamal Hassan Ali qui était chef du service des renseignements généraux avant d’être nommé premier ministre. Les civils sont aussi très capables. Il ne s’agit donc pas de dire qui est le meilleur, mais d’accepter le fait qu’il y ait des militaires faits pour exercer des responsabilités politiques et diplomatiques.
Q : Soutenez-vous donc la candidature du General Sissi à l’élection présidentielle ?
R : Bien entendu, pour la simple raison que c’est une demande générale. Si le General Sissi refusait de se présenter et si d’autres militaires se présentaient, à titre personnel, je soutiendrai un homme comme notre ancien Chef des renseignements généraux, le Major Général Mourad Mowafi, qui a beaucoup souffert sous le régime de Morsi. En fait, et par pure coïncidence, j’ai entendu Mowafi prévenir le Maréchal Tantawi, pour qui j’ai beaucoup de respect, du danger que représentaient que les terroristes d’Al Qaeda posaient au Sinaï.
Q : Est-ce que l’intérêt des militaires pour le poste de président fait obstacle aux efforts de créer un état civil ?
R : Le terme « état civil » est utilisé en opposition à « l’état religieux ». En fin de compte, les urnes devront en décider. Pouvez-vous imaginer le nombre de votes que le General Sisi recueillera s’il décide de se présenter au poste de président. Les gens ont grande confiance en lui du fait de ce qui est arrivé le 30 juin que je qualifierai « d’opération chirurgicale ».
En peu de jours, un gouvernement de technocrates a été mis en place pour diriger le pays. Sissi a repris son poste de ministre de la défense et le président de la Haute Cour Constitutionnelle est devenu président par intérim du pays.
Q : Pourquoi le Qatar aide-t-il tant les Frères musulmans sur le plan financier et celui des medias ?
R : Qatar est un petit pays qui veut agir comme un grand pays. Il jouit d’une richesse immense complètement disproportionnée à sa faible population. Défier l’Egypte vient de la volonté de jouer un rôle dans la région. Qatar veut faire partie de ce que l’on a appelé « le printemps arabe » mieux décrit comme l’automne ou même l’hiver arabe. Le printemps arabe a amené des divisions dans beaucoup de pays arabes, seule l’Egypte est restée unie. Grace à Dieu, aucun groupe ou influence extérieure a pu briser cette unité. L’Egypte est restée unie car elle a une armée forte et unifiée.
Par rancune, Qatar a financé les manifestations qui ont eu lieu à New York pour soutenir le président destitué. Le nombre de manifestants a été faible et Qatar a été obligé d’amener des gens par bus. Mais on ne doit pas laisser notre différent avec le gouvernement du Qatar se transformer en une querelle avec les Qataris, qui sont nos frères.
traduit d’Al Akhbar
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