Forum de la paix en méditerranée – Lecce, Italie
27 – 29 novembre 2008
Vous avez choisi Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, la Méditerranée comme cible, un cadre et un forum. Quelle ambition justifiée pour une région qui, plus qu’aucune autre dans le monde, est bien placée pour prétendre au dialogue. Mais je suis également conscient qu’autour de la Méditerranée, il existe des confrontations interreligieuses ainsi que des confrontations nationales revendiquant des droits territoriaux.
Mais en prenant connaissance de la liste des membres fondateurs de votre Forum ainsi que des membres du bureau, j’ai discerné l’élan de l’espoir, symbole pour moi d’une forte chance de succès pour que l’esprit du dialogue prévale et que la paix sorte victorieuse de vos rencontres. Je connais fort bien le parcours des dirigeants de votre mouvement qui, de tout temps, ont été des militants de la paix mais la paix inséparable de la justice.
Permettez-moi de vous résumer les têtes de chapitre des thèmes que j’aurais aimé développer devant vous, mais conscient du temps précieux que vous devez consacrer aux autres prestigieux intervenants, je serai bref : Depuis 15 ans que j’ai choisi le dialogue interreligieux comme l’une de mes préoccupations majeures, je suis parvenu à la conclusion, il y a 2 ans, qu’il est impossible de séparer le dialogue des religions du dialogue des cultures.
En effet, les ennemis du dialogue, ce sont bien les heurts et les confrontations dictés par l’ignorance, et c’est bien le dialogue entre les peuples qui doit prévaloir sur le dialogue entre les élites. A cet égard, je rends hommage à l’action de Mary Eisenhower, petite-fille du Général Dwight Eisenhower, qui a créé son organisme « People to People » donnant ainsi sur ce point un modèle à suivre pour le dialogue des cultures.
De toutes ces années consacrées au dialogue des religions et des cultures, de Paris à Londres, de New York à Bruxelles, de Davos à Doha, d’Amman à Sharm El Sheikh, sans parler de la capitale du dialogue des civilisations, Madrid, où j’ai assisté à la conférence sur l’Alliance des Civilisations promue par les Nations Unies ainsi que la conférence initiée pour le dialogue par Sa Majesté le Roi Abdallah d’Arabie Saoudite et Sa Majesté le Roi Juan Carlos d’Espagne, j’ai bien tiré plusieurs leçons que je mets en toute modestie à votre disposition : Il est temps que les partisans du dialogue reconnaissent la nécessité de l’autocritique pour admettre que nous n’avons pas réussi, jusqu’à ce jour, à mettre le langage du dialogue entre les élites à la portée des masses populaires.
Le dialogue ne portera pas ses fruits tant que chacun de nous n’osera pas mécontenter une partie des siens pour être à coté de la justice et du droit. Utile de répéter ici pour la seconde fois qu’il n’y aura pas de paix sans justice. Il est très nécessaire de répandre la culture du refus de la généralisation des jugements. Les erreurs et les crimes commis par Al Qaida ne doivent jamais justifier d’en attribuer la responsabilité à tous les musulmans, généralisant ainsi les jugements.
Même pour ce qui se passe dans les territoires occupés par Israël, les attaques et les violences ne doivent jamais nous amener à une condamnation généralisée de tous les Israéliens, car il y a, et il y aura toujours, des gens en Israël qui sont non seulement pour la paix maintenant mais pour la paix tout court. Je prends la responsabilité de constater qu’il n’y a pas de conflit entre les religions mais plutôt des conflits entre les groupes politiques qui prennent la religion en otage pour servir leur plan de domination.
Il est temps d’encourager l’alliance universelle contre l’extrémisme, père de tous les maux inclus la violence. Il faut que tous les croyants affirment leur volonté de :
- Refuser le monopole de la foi de Dieu à quiconque
- Refuser le monopole des mots de Dieu
- Refuser l’interprétation des mots de Dieu
- Refuser le monopole de déterminer la place des êtres auprès de Dieu.
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