Interview du Dr. Aly El Samman
Al Akhbar, 31/08/2015
Extraits d’une interview, par Mona El Haddad, avec Dr. Aly El Samman, Président de l’Union internationale pour le dialogue interculturel et religieux et l’éducation de la paix (ADIC)
Q. Pourquoi l’esprit du “peux-faire” ne s’est-il pas appliqué à d’autres projets sociaux après l’ouverture du nouveau Canal de suez ?
R. Assurément, le nouveau Canal de Suez et ce qui a été mené à bien, a rendu, sans aucun doute, chaque égyptien heureux. Je crois toutefois qu’il y a certains éléments qui ne sont pas contents du tout. A franchement parlé, lorsque j’ai vu des sous-officiers de police manifester dans le gouvernorat d’Al Sharkia, je n’en suis pas revenu. Des rapports ont indiqué que certains officiers avaient des promotions et des hauts salaires alors que les sous-officiers ne recevaient rien. Si cela est vrai, une enquête devrait être ouverte. Cependant, il a été également dit que les Frères musulmans étaient derrière ces manifestations, ce qui serait un choc pour certains.
Permettez-moi de vous dire que le contraste entre la joie d’avoir ouvert le nouveau Canal de Suez et les récentes manifestations ne devrait étonner personne. Ceux qui sont jaloux du succès du Canal de Suez feront tout ce qui est en leur pouvoir pour créer des troubles et donner une impression d’échec sur toute la ligne.
Q. Que pensez-vous du « Non aux partis religieux » ?
R. A dire vrai, je n’aime pas beaucoup l’expression « partis religieux » car cela encourage un grand nombre d’explications et d’exagérations sur ce que l’on entend par là. Nous devons séparer la politique de la religion. Les confondre est extrêmement dangereux et ce n’est dans l’intérêt de personne.
Q. D’aucuns estiment que le fait d’exclure certains courants de la politique est contre les principes démocratiques.
R. L’expression « partis religieux » implique une réaction au rôle joué par les Frères musulmans et ce qu’ils cherchaient à faire. Par exemple, si nous parlions de « partis religieux », diriez-vous que les Frères musulmans ne doivent pas être exclus? Personne n’acceptera cela; personne ne veut même entendre parler des Frères musulmans et je ne me réfère pas ici à la nation (armée, police et sécurité nationale) mais au peuple égyptien. Les Egyptiens ne veulent pas entendre le mot « confrérie » car le peuple a payé le prix de leur violence dernièrement. Ainsi, si je parlais d’autoriser le parti de la Confrérie, personne n’accepterait.
Q. Selon vous, quel pourcentage le courant de l’Islam politique pourrait-il atteindre au nouveau parlement ?
R. Je ne puis avancer un chiffre, mais ce que je puis vous dire, c’est que ce courant aura beaucoup d’obstacles à franchir pour obtenir une représentation substantielle. Je suis certain que le nombre sera limité.
Q. Ancien conseiller pour l’information du Président Anouar El Sadate, que pensait-il de la guerre et de la paix.
R. Sadate était un homme de dimension historique; Il était tourné vers l’avenir. C’est un point important pour un homme politique. J’ai été son conseiller pour l’information de 1973 à 1974 et quand je lui ai demandé de quitter mon poste, il a accepté mais il m’a dit qu’il aurait de nouveau besoin de moi en dehors de ce cadre. J’ai découvert plus tard qu’il voulait quelqu’un à même d’améliorer ses relations avec des personnalités juives internationales, personnalités en mesure de prôner la paix et d’avoir une influence notable. Je me suis mis en quête de ces personnalités et en ai choisi cinq d’entre elles pour le rencontrer lors de la visite de Sadate à Paris.
Parmi ces personnalités, il y avait Sir Sigmund Warburg, juif d’origine allemande devenu un acteur majeur de la City à Londres après avoir fui Hitler. Lors de la rencontre avec Sadate, il a été le seul à ne pas parler. Lui demandant plus tard la raison pour laquelle il n’était pas intervenu, il a répondu qu’ en présence de personnes qui font l’histoire, il valait mieux écouter.
traduit d’Al Akhbar
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