5ème Conférence pour le dialogue des religions – Doha, Qatar
7 – 9 mai 2007
J’exprime ma profonde gratitude à son Altesse le Prince, au gouvernement de Qatar et aux dirigeants de cette conférence de Qatar, représentés par Dr Aïcha El Manaï, Présidente du comité de préparation.
Je vous avoue avoir bien lu et assimilé les Dix Commandements et pris conscience du commandement divin : « ne tue pas ». Il en est de même pour « le Pacte de Médine », protégeant et organisant les rapports des Musulmans avec les non-musulmans. De plus, je suis bien au courant du message du Christ sur le génie, la supériorité et la primauté de l’amour et de l’affection.
Au vingt-et-unième siècle, il est impératif de mettre ces chartes historiques en pratique. Il est nécessaire de résister au meurtre, au massacre, à la torture et à la répression. Ainsi qu’au dédain envers la demande des peuples à la dignité et à l’indépendance.
Franchement, malgré les Dix Commandements, le message de l’amour du Christ et « le Pacte de Medine », vos fils se livrent au massacre des innocents de notre nation, alors qu’une partie de nos enfants se suicident pour exterminer certains innocents de la vôtre. Je me pose la question : répètera-t-on les mêmes propos pour cinq autres conférences ? Ne risque-on pas de perdre la crédibilité du public en l’efficacité de notre cause ?
Je me rappelle le témoignage d’une haute personnalité, son Altesse Royal Cheikha Moza Bent Nasser, épouse de Son Altesse Royale Cheikh Hamad Ben Khalifa II, Prince de Qatar : « la permanence du dialogue s’impose par son importance, afin de découvrir les points communs qui nous mèneraient à fraterniser avec l’Autre, à vaincre les préjugés qui séparent l’Orient de l’Occident ». Elle a diffusé ce message lors d’interview donné à la chaîne Al-Jazeera, dimanche dernier, qui a coïncidé avec l’inauguration de la conférence.
En demandant si les dialogues ont porté leurs fruits, Son Altesse répond : « Malheureusement non, car la majorité des dialogues se confinent aux salles de réunion et leurs échos ne dépassent guère les hôtels où ils sont tenus ».
Pour notre compte, nous souhaitons indéniablement que le message du dialogue se propage beaucoup plus loin que le lieu où l’on est réuni aujourd’hui. Franchement, on a besoin d’envisager autrement le dialogue des religions :
- Il faut que chacun de nous ait le courage de déplaire à ses compatriotes, voire de susciter leur colère, en réclamant la justice, en condamnant les écarts et l’injustice commises par certains en Israël et le suicide qui sévit de notre côté.
- Le dialogue doit devenir une affaire d’opinion publique et non une affaire d’élite. Il nous faut concevoir un pacte précisant les principes éthiques du dialogue, surtout l’abstention de généraliser les jugements. On l’appellerait le « Pacte de Doha » et tous les participants promettraient de l’appliquer, chacun au niveau de sa société, puis sur une plus vaste échelle.
- Au cours de maintes conférences, j’ai envisagé le besoin pressant, de tenir une table ronde, groupant certaines personnalités d’hommes de medias occidentaux et leurs homologues du monde musulman pour étudier le sujet qui s’est imposé sur la scène internationale au cours des deux dernières années, à savoir maintenir l’équilibre entre la liberté d’expression et de publication d’une part et le sens de la responsabilité qui signifie le respect des droits de l’Autre quand il est victime des pratiques absolues de la liberté d’expression.
Quand j’appelle à une table ronde cela signifie que je la privilégie aux conférences générales où le style oratoire l’emporte pour défendre tel ou tel point de vue des participants, alors qu’une table ronde, tenue entre spécialistes, s’intéresserait systématiquement à la recherche de solutions à ce problème. L’image de l’Islam a payé cher la déformation des propos dont le sens fut mal interprété.
En conclusion, quand il s’agit de convictions religieuses, toute idée de conflit est exclue. Le conflit réside plutôt dans l’esprit des groupes politiques qui mobilisent la religion pour satisfaire leurs appétits d’hégémonie et de destruction.
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