Conférence à la Bibliothèque d’Alexandrie – Alexandrie
2 mars 2008
Permettez-moi de vous dire que la démocratie n’est pas un point de départ dans l’évolution de la société mais plutôt quelque chose qui se développe ultérieurement. Quand les hommes et les groupes responsables joueront leur rôle afin de soutenir et encourager la société civile, quand les leaders de la société civile et de l’état se mettront d’accord sur le fait qu’il n’y a pas de conflit entre eux, c’est alors seulement que les Egyptiens seront capables de construire une nation forte à l’abri des pressions extérieures. C’est alors seulement que les Egyptiens seront capables de construire une véritable démocratie.
En raison de mon expérience avec l’état égyptien en tant que conseiller du Président Sadate pour l’information extérieure à la Présidence de la République pendant la guerre d’octobre 1973 et directeur du cabinet du Premier ministre pour les projets d’infrastructure pour l’Europe occidentale en 1979, mais aussi en tant que président du Comité pour le Dialogue interreligieux au Conseil suprême des affaires islamiques, président et vice-président de l’Union des étudiants arabes en France pendant 5 ans, j’ai appris que les problèmes auxquels sont confrontés les pays arabes leur sont devenus trop lourds à porter. En toute objectivité, certaines taches pourraient être assumées par la société civile ce qui contribuerait grandement à alléger la pression sur ces états arabes.
Nous devons nous assurer que l’état dote la société civile de la législation et du soutien nécessaires permettant à la démocratie de prospérer.
Parlant de la société civile et sachant que le Dr Abdel Aziz Hegazy, figure éminente de l’histoire contemporaine de l’Egypte, ait devenu président de la Fédération des organisations non gouvernementales en Egypte, je suis optimiste sur le futur de la société civile égyptienne et j’aimerais dire au Dr Hegazy qu’il peut compter sur nous tous et que nous sommes à ses cotés.
En ce qui concerne l’information, profession que j’ai exercée pendant plus de 20 ans en Egypte et à l’étranger, je rends hommage à la Bibliothèque d’Alexandrie et au Dr Ismail Serageldin qui a aujourd’hui rassemblé des professionnels des medias et des représentants de la société civile pour discuter du processus démocratique.
Comme je l’ai dit précédemment, la démocratie sera, en ce qui nous concerne, une fin plutôt qu’un point de départ. La démocratie participe d’une ambiance globale. Et l’une des plus grandes influences sur la société civile est celle exercée par les medias. Il n’y aura ni démocratie ni société civile active tant que le public ne comprendra pas leur importance.
Les medias nous permettrons d’aller au-delà des discours des conférences. Ces discours n’atteignent que quelques centaines voire peut-être quelques milliers de personnes alors que les medias touchent des millions de téléspectateurs et d’auditeurs. Une telle influence est très importante et très dangereuse, surtout lorsque la télévision se fait école et que les professionnels des medias se font enseignants.
Je sais que nous touchons des sujets controversés en parlant, d’un coté, des excès des medias et d’un autre coté de ce que l’on pourrait appeler les abus commis par le régime au pouvoir. Afin d’examiner en détail cette question, je propose de tenir une table ronde réunissant une vingtaine de professionnels des medias de haut niveau du monde arabe, 20 représentants de la société civile et 20 responsables de l’information des gouvernements arabes pour travailler ensemble afin de dégager les principes de conciliation sur la liberté d’expression et le droit de chacun de voir ses valeurs et symboles respectés.
Nous avons tous un sens des responsabilités qui nous amènent à protéger les droits de l’autre et il n’y a pas de meilleur endroit que la Bibliothèque d’Alexandrie pour incarner ce sens d’honnêteté, d’intelligence et la recherche sérieuse de perfectionnement.
Enfin, je tiens à dire que nous n’arriverons à rien sans en payer le prix. Sans avoir l’air d’être trop optimiste, je tiens à vous dire que nous allons être confrontés à une dure bataille si nous voulons persuader les medias qui influent sur le développement de la société civile, de contribuer à l’essor de la démocratie. Cependant, ce sera une noble bataille digne de sacrifice.
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