Ensemble pour faire connaitre l’atelier d’information sur le Droit
Ligue des Etats Arabes – Le Caire
16 mars 2011
Lorsque l’on parle de sensibilisation à la loi, le rôle des médias vient en premier lieu à notre esprit. Une véritable évolution culturelle requiert un certain type d’éducation issue de la diffusion d’informations pour accroitre cette sensibilisation à la loi. Je me réjouis du fait que le Centre Egyptien de Sensibilisation à la Loi soit dirigé par le Dr. Khadi El Kadi. Il a la chance d’être le fils d’un grand juriste, feu le Dr. Fathi Naguib, ancien président de la Haute cour Constitutionnelle, connu pour la profondeur de sa pensée et ses décisions audacieuses. Les nombreuses illustrations de son talent à élever le niveau de la connaissance juridique l’ont amené à fonder le projet historique qui a donné aux égyptiennes le droit de divorcer.
Sans aucun doute, la loi a cruellement besoin que les medias jouent un grand rôle en vue d’informer le public de leurs droits et de la façon de protéger ces droits. Les médias doivent également aider les citoyens à connaitre les limites à ne pas dépasser de façon à protéger les droits des autres. Les professionnels des medias arabes, dans leur ensemble, devraient grandement bénéficier de formations spécialisées pour accroitre leur capacité à évaluer à la foi la légalité et l’éthique de ce qu’ils ont lu et écrivent.
En tant qu’homme ayant toujours envisagé la loi dans un esprit de justice, je crois que nous avons grand besoin de réorienter les pratiques des medias arabes vers une information plus consciencieuse et honnête. Par exemple, lorsqu’un citoyen est conduit au bureau du procureur général pour être interrogé, les médias en rendent compte comme s’il avait déjà été déclaré coupable. Ils se moquent totalement du tort qu’ils font à la réputation de ce citoyen.
Ainsi, comment peut on créer une culture de l’information qui inciterait les professionnels des médias à respecter le principe sacré de la «présomption d’innocence ».
Depuis le 25 janvier, nous avons lu des articles sur des hauts fonctionnaires, articles qui s’apparentent à un assassinat moral. Etant donné l’importance des publications et la fréquence de leurs accusations, un procès juste et équitable pour ces hommes est sans espoir.
Une opinion publique inquiète, suite aux manipulations des médias, peut conduire des millions de personnes une interprétation erronée des faits, bien avant qu’un jugement ait été prononcé. Ce n’est là qu’une des raisons pour laquelle l’indépendance de la justice est primordiale. C’est un message clair adressé aux responsables des médias, et notamment les médias arabes.
Nos devons aussi protéger les juges des partis-pris créés par les médias avant tout procès important. Je dis cela dans le respect de l’indépendance et la conscience des magistrats. Créer une culture de sensibilisation à la connaissance juridique nécessite une participation équilibrée des professionnels des médias, des avocats et des juges. Les avocats, par exemple, doivent être mieux au fait de certaines considérations éthiques fondamentales et doivent faire preuve d’un certain sens des responsabilités, pour éviter des pratiques comme celle de laisser filtrer, auprès des médias, pour publication, des documents ayant trait à des questions faisant l’objet d’enquêtes, avant que ces documents soient examinés par les tribunaux.
Dans l’histoire de notre système judiciaire, digne d’estime, il y a eu un homme pour lequel j’avais grand respect, c’était le juge Hassan El Hudaibi. A la fin des années 40, je lui ai parlé d’une affaire qui avait lieu à Tanta, à ce moment là. Je voulais discuter des rumeurs qui circulaient alors. Je fus très étonné de voir cet homme, en toute dignité professionnelle, m’interrompre et me demander de ne pas poursuivre.
Il m’a dit: “Je ne connais que les documents figurant au dossier que je dois étudier avant le procès. Je ne veux rien entendre d’autre ».
Le Droit et la justice sont les deux aspects d’une même question. Les textes de loi sont stricts alors que la justice a une vision plus large, découlant de l’éthique et des idéaux de la société.
En tant qu’étudiant, je fus attiré par le Droit après avoir lu chaque livre que j’ai pu trouver sur Omar Ibn Al Khattab, un des plus puissants et influents califes musulmans dans l’histoire. Ses qualités personnelles lui ont valu le titre d’Al Faruq, « Celui qui distingue le bien du mal ». Homme de référence, il était entouré de nombreux hommes, parfaits exemples, de la façon dont les juges levaient l’étendard de la vérité, de la justice et de l’intégrité.
Aujourd’hui, les professionnels des médias arabes doivent jouer un rôle basé sur la responsabilité, nuancée par un esprit de justice. L’intégrité évite aux vrais professionnels de se ruer pour diffamer une autre personne avant qu’elle ne soit traduite devant un tribunal.
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