Conférence Adic – La Sorbonne, Paris
13 Juin 1994
Remarques préliminaires par le Dr. Ali El Samman
Président de l’Adic
Dialogue. Je n’ai jamais connu un mot qui ait été autant discrédité. Même s’il est vrai que selon les principes généraux, dialoguer aide à éviter le coté négatif de la confrontation, la définition du mot dialogue et un engagement décisif à ce propos, requièrent encore d’être affinés et étudiés.
Pourquoi donc envisager la question lors d’une table ronde sur les trois religions monothéistes ? Répondre à cela, c’est présenter l’Adic.
L’Adic a commencé par être une « Association pour le dialogue islamo-chrétien » devenue par la suite « Association pour le dialogue islamo-judéo-chrétien ». Aujourd’hui, nous avons la chance de bénéficier de l’expertise de trois éminentes personnalités qui ont l’expérience et la légitimité pour nous guider par leur sagesse et nous montrer la place du dialogue dans leur religion respective. C’est pour nous un honneur d’être associé à ces hommes présidant notre rencontre de ce jour.
Le cardinal Franz Koenig est le père du dialogue avec les non-chrétiens et a présidé à son destin au Vatican pendant de nombreuses années. Il a été le premier cardinal invité par Al-Azhar dans les années 60 à donner une conférence et à avoir eu une relation de confiance privilégiée avec le grand imam d’Al-Azhar. Depuis leur rencontre fructueuse à Berne en mai dernier, les portes se sont ouvertes au plus haut niveau pour le dialogue islamo-chrétien. Ma rencontre avec le cardinal à Venise il y a deux ans, date à laquelle il a accepté la présidence d’honneur de l’Adic, a été un point tournant dans l’histoire de notre association.
En ce qui concerne le grand rabbin René-Samuel Sirat, je serai bref dans la mesure où son rayonnement l’a déjà fait connaitre sur le plan international. Cet homme, même pendant les périodes de conflit difficiles qui nous ont le plus touché, a été capable de garder sa sérénité et son esprit de convivialité, gagnant l’estime de tous.
En tout respect, ce n’est pas surprenant si l’Adic a choisi le rabbin Sirat pour son premier dialogue avec les représentants du judaïsme. Prédisposé à assumer le rôle de médiateur à la frontière de l’islam, vivant en terre du christianisme, il a su parfaitement faire abstraction du fossé existant entre eux, par son choix de l’humanité et de la paix.
La renommée de Dr Mahmoud Hamdy Zagzoug vient non seulement du fait qu’il soit doyen du Département de théologie d’Al-Azhar, riche d’histoire millénaire, mais également du fait que, partout dans le monde, il a été à même de concilier objectivité, foi et clarté de style, avec aisance et noblesse d’esprit. Il est aussi l’homme le plus proche du grand imam d’Al-Azhar : ils ont toujours été liés par leur similitude de pensée.
Dans le monde où nous vivons, nous sommes également conscients que le dialogue est la cible de forces destructrices. Nous devons par conséquent parler de cette menace issue essentiellement d’idées déformées semant trouble, doute et haine. Tout au long de cette journée, d’autres personnes – journalistes, généraux, ambassadeurs, ministres – vont vous parler des différentes manifestations de ce danger. C’est le sujet; laissons les parler.
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